Traitement du coronavirus - Les essais cliniques commencent


L’État lance officiellement l’essai clinique de son 3e protocole de traitement du coronavirus. Les résultats devraient être connus d’ici quinze jours. CONFIANT. Ce mot a été martelé lors des prises de parole au nouveau Centre médical Covid-19 (CMC), sis au village Voara, Andohata­penaka. Comme pour exprimer une confiance affirmée en la réussite du 3e protocole de traitement du coronavirus proposé par Mada­gascar. Il s’agit d’une solution injectable. Faisant d’une pierre deux coups, Andry Rajoelina, président de la République, a inauguré l’ouverture du CMC, hier, tout en lançant officiellement l’essai clinique de la 3e option thérapeutique du coronavirus, sur laquelle table la Grande île. Après une première annonce, le 26 mai, à Toamasina, cette fois-ci c’est la bonne, visiblement. « Nous nous préparons depuis près de deux mois », affirme le chef de l’État. Pour l’occasion, deux des quatre experts internationaux ayant pris part à l’éla­boration de ce 3e protocole de traitement sont intervenus par visioconférence. Le professeur Dhanjay Jhurry, de l’université de Maurice, explique que cette option thérapeutique mise sur les vertus antivirales et antiinflammatoires qu’aurait l’artesunate injectable. Dérivé de l’artemisinine, l’artesunate aurait déjà fait ses preuves dans la lutte contre le paludisme, à Madagascar. À entendre l’universitaire mauricien, l’essai clinique devrait concerner deux formules. La première est l’injection de l’artesunate, seule. La seconde est la combinaison de l’artesunate et « une forte dose », de vitamine C. La formule injectable aurait également, déjà été éprouvée dans la lutte contre le cancer et l’hépatite virale par une clinique américaine, sise en Arizona. Le docteur Nathan Good­-year, qui est le pionnier de ce traitement fait, également, partie des experts intervenus par visioconférence, hier. Respect des normes Selon Andry Rajoelina, les premiers résultats de cet essai clinique seront connus « d’ici quinze jours ». Une source médicale indique qu’effectivement, quinze jours suffiront pour dire si la solution injectable est efficace ou non, contre le coronavirus. « Il faudra, néanmoins, que les sujets soient suffisamment nombreux pour que l’essai soit concluant », ajoute-t-elle. Le principal challenge auquel fait face l’équipe chargée de mener l’essai clinique pourrait être d’avoir suffisamment de volontaires pour suivre le 3e protocole de traitement du coronavirus. Outre un centre de prélèvement pour le dépistage de la Covid-19, le site d’Ando­ha­tapenaka accueillera également les personnes qui accepteront d’être des sujets de l’essai clinique. Le CMC est aménagé de manière cossue. Cela pourrait être un moyen de séduire les patients afin qu’ils acceptent de prendre part à l’essai clinique. Les propos présidentiels laissent en tout entendre que l’État a à cœur de mettre tout le monde d’accord, en respectant scrupuleusement les normes requises pour la validation d’un médicament. « Le chemin pour arriver jusqu’ici n’a pas été facile. Il fallait bien faire pour éviter les critiques et pour que tout se passe sans encombres », soutient Andry Rajoelina. Annoncé comme une première pour un pays du Sud, « nous avons fait part de cet essai clinique au monde entier », ajoute le chef de l’État. La démarche malgache se fera sous la supervision de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). « L’OMS va participer en soutenant le gouvernement dans l’élaboration du protocole, qui va répondre aux normes et standards internationaux », déclare le docteur Charlotte Faty Ndiaye, représentante de l’OMS. Le président Rajoelina a déjà proposé cette 3e option thérapeutique pour être à la « solidarity trial », de l’OMS, en mi-mai. Le « solidarity trial », est un programme d’essai clinique à grande échelle pour trouver rapidement un traitement efficace contre le coronavirus. Il a été indiqué, hier, devant les responsables locaux de l’OMS qu’un essai clinique de la solution injectable « au niveau régional », dans d’autres pays d’Afrique est envisagé. Les tractations y afférentes ont démarré il y a quelques semaines. L’issue de l’essai mené à Andohatapenaka pourrait, néanmoins, être déterminante. Andry Rajoe­lina et les experts internationaux affirment, toutefois, être « confiants ».
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