Hey June


Quelle allure aura la fête nationale cette année  Le 56ème anniversaire de la soi-disant indépendance, dans vingt-cinq jours, sera-t-elle célébrée avec paillettes et strass comme à l'accoutumée  Ce qui est certain, c'est que, jamais de mémoire, l'atmosphère politique qui la précède n'a été aussi tendue et délétère. La fête nationale risque d'être mise à profit par les détracteurs du régime pour relancer et entretenir la flamme du patriotisme. Malgré les intimidations et les perquisitions pour mater toute velléité de contestation, il est quasi-certain qu'il se passera des choses le 26 juin à en juger les diverses revendications sociales toujours en vigueur. Du côté du pouvoir, on ne laissera pas non plus passer l'occasion pour vanter les mérites du régime depuis deux ans. C'est l'occasion pour mettre en avant les réalisations qui ne sont pas souvent sous les feux des projecteurs des médias tananariviens à l'image du pont de Befandriana Sud inauguré avant-hier  par le Président. Une manière de souligner qu'il est le Président de tout Madagascar et de tous les Malgaches et non seulement de la capitale. Comme d'habitude, le mois de juin est celui des inaugurations. On en aura plein la vue jusqu'au 26 juin. Et le jour fatidique, ou plutôt dès la veille, on aura le désormais feux d'artifice dans toutes les grandes villes du pays. Puis le traditionnel défilé militaire à Mahamasina où la fidélité des Forces armées au régime sera plus que jamais mise en évidence, suivi de la grande réception à Iavoloha. Tout cela va coûter une sacrée bagatelle à l'État ou plutôt aux contribuables. C'est justement ce genre de gaspillage qui fait monter la sauce de la contestation. Alors que les bailleurs de fonds exigent une maîtrise des dépenses et une amélioration des recettes fiscales et douanières, l'État continue à dilapider son argent dans les voyages, l'acquisition de voitures blindées ou d'aéronef. Des comportements provocateurs étant donné, qu'en face, l'État est incapable de satisfaire les revendications sociales, tout à fait justifiées, de diverses corporations. L'opinion attend du pouvoir un sens des priorités et un geste d'austérité. En Tanzanie, le nouveau président John Magufuli a supprimé toutes les festivités de la fête nationale dès sa prise de fonction en novembre pour les remplacer par une campagne de nettoyage de la ville de Dar-es-Salam. « Il est tout simplement honteux que nous dépensons autant d'argent pour célébrer 54 ans d'indépen­dance alors que notre peuple meurt du choléra ». Une belle leçon à méditer mais qui ne fera certainement pas école au pays le plus pauvre du monde où les hôpitaux publics sont des mouroirs, n'ont pas une seule ambulance alors que les trente-deux ministres du gouvernement ont chacun un 4x4 V8 dont le coût équivaut à quatre ambulances médicalisées, où l'État est incapable d'éradiquer la peste qui revient au triple galop depuis quelques années après avoir été jugulée un moment. L'occasion est donnée à l'État de se rattraper mais tel  qu'on le connaît, il va transformer ses erreurs en bêtise au risque de se faire conspuer au stade de Mahamasina où, à défaut de pouvoir manifester dans les endroits publics, les contestataires peuvent prendre place pour se faire entendre. Mais il y a une parade bien connue pour empêcher cette tentative et qui était d'usage pendant l'ère Ratsiraka. Il s'agit, on l'aura deviné, de remplir le stade avec des militants ramenés en «cargo» des quatre coins du pays et grassement indemnisés. C'est le moyen le plus sûr d'éviter un camouflet comme lors de l'investiture de janvier 2014. Pour ce faire et pour une fois, le plagiat est autorisé
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