Edgard Razafindravahy - « Le Covid-Organics est un déclic à l’émergence de Madagascar »


Le président du parti ADN sort de son silence. Edgard Razafindravahy fait le point sur la conjoncture après un an et demi d’administration Rajoelina. Entretien.
  • On ne vous a pas entendu depuis un certain temps bien avant le confinement. Que s’est-il passé ? Où en est-on avec l’ADN?
- C’est vrai mais je n’ai pas l’habitude de parler pour ne rien dire. Comme la plupart des gens, j’ai donné du temps à l’observation et aussi à la réflexion. On a un nouveau Président, un nouveau pouvoir, le minimum de correction était de lui accorder du temps pour qu’il fasse ses preuves. Pourquoi parler quand le moment ne s’y prête pas ? Quant à l’ADN, il poursuit son petit bonhomme de chemin à travers la formation de jeunes leaders Maroy dont la quatrième promotion débutera bientôt son cursus.
  • Donc maintenant vous avez à dire ?
- Nous avons l’habitude que quand on parle, c’est pour critiquer, c’est pour se lever contre des faits que l’on juge injustes ou arbitraires, sinon ce n’est pas intéressant pour l’opinion et la presse. Mais on peut parler justement pour soutenir des initiatives, apporter sa pierre à l’édifice. C’est le cas actuellement avec l’épidémie coronavirus.
  • Voulez-vous insinuer que l’état fait bien les choses dans la lutte contre le Covid-19 ?
- Absolument. Les faits sont là pour l’attester. Nous sommes à 128 cas dont 94 guéris. Et les dernières statistiques publiées hier ne mentionnent aucun décès. Qui dit mieux ? Quand on voit ce qui se passe dans les grands pays comme la Chine, les États-Unis, l’Espagne, l’Italie, la Grande Bretagne, la France où les morts se ramassent par camion et plus près de nous, à Mayotte, à La réunion ou en Algérie, je me sens chanceux de me trouver à Madagascar. Je dois dire que l’État a fait du bon travail.
  • À quoi accordez-vous vous justement cette situation, aux mesures prises par le gouvernement, au miracle ou à l’efficacité du remède trouvé par l’état en l’occurrence le Covid-Organics ?
- Il faut reconnaître que le gouvernement a pris les mesures qu’il fallait avec l’état d’urgence sanitaire et le confinement pour éradiquer l’épidémie et protéger la population. Ce n’était pas des dispositifs faciles à prendre vu l’état de l’économie et la pauvreté générale de la population. Mais le président de la République Andry Rajoelina en a pris la responsabilité avec courage et détermination. Les résultats lui ont donné raison. On a vu de par le monde que le miracle n’a pas de place dans cette pandémie. En revanche, il faut bien le dire qu’on le veuille ou non que le tambavy de l’Imra Covid-Organics était pour quelque chose dans la maîtrise de cette pandémie comme en témoignent plusieurs personnes guéries.
  • Justement le Covid-Organics est sujet à caution tant au niveau national que sur le plan international. Quelle est votre opinion à ce sujet ?
- Pour moi les choses sont simples. Le monde entier peine à trouver un remède au coronavirus comme en témoignent les statistiques. à l’annonce des trois premiers cas du Covid-19 à Madagascar, toute la population se ruait vers les huiles essentielles, les tisanes, les décoctions ou autres compositions censées pouvoir protéger ou guérir le coronavirus et personne ne se posait de question quant aux effets secondaires ou indésirables de ces potions. Maintenant que l’IMRA, qui est tout de même une référence internationale en matière de recherches sur les plantes médicinales, lance le Covid-Organics, c’est toute une cabale qui se déploie. Il est déplorable que les premières flèches soient lancées à l’intérieur même du pays. Comme il n’y a pas d’autre remède, personnellement je m’y mets sans condition. Sur le plan international, on savait qu’une telle découverte ne ferait pas plaisir aux grands pays vu l’enjeu financier du business médical et j’encourage le Président à résister et à persévérer dans la voie qu’il s’est tracée.
  • Est-ce qu’à votre avis, le Covid-Organics a un avenir international ?
- On verra bien avec le temps. Le coronavirus ne durera pas toute l’éternité mais des scientifiques affirment qu’il pourrait être saisonnier. Si c’est le cas on se rappellera de lui. Mais il faut dire aussi qu’il a déjà beaucoup de concurrents surtout en Afrique même si plusieurs pays africains s’y intéressent. Dans tous les cas, le Covid-Organics a donné le déclic de l’émergence de Madagascar sur le plan international. Après l’exploit des Barea à la Can 2019, on n’en a jamais autant parlé de Madagascar dans les médias internationaux. Il faut continuer sur cette lancée.
  • En tant qu’entrepreneur cette fois, comment avez-vous vécu le confinement et comment appréhendez-vous l’après coronavirus ?
- Le confinement a été une période très difficile pour les entreprises et le secteur privé. Beaucoup de sociétés et entreprises ont du mettre la clé sous le paillasson au mieux passer au chômage technique. Personnellement, mes entreprises ont continué de fonctionner malgré des conditions de travail difficiles et les pertes enregistrées. D’abord pour soutenir les employés en cette période difficile, ensuite pour appuyer les efforts de l’Etat dans la guerre contre le coronavirus. L’Express et Ao Raha n’ont jamais cessé de paraître et ont été d’ailleurs les seuls journaux à braver le confinement. La Rta et la radio Antsiva ont également continué à émettre et à diffuser. On ne peut pas abandonner à un moment où la population a le plus besoin d’être informée. La relance économique sera bien évidemment très difficile. La situation dépend de la conjoncture internationale. Le tourisme, les exportations et les importations de certains produits entre autres dépendent du rétablissement du trafic aérien international, ce qui prendra beaucoup de temps. Mais à quelque chose malheur est bon, le lancement du Covid-Organics est un coup de pouce à l’industrie nationale. L’état d’urgence sanitaire aurait dû être mis à profit pour promouvoir les produits locaux. Certains se sont débrouillés pour ne citer que les confectionneurs de cache-bouches aussi bien industriels qu’artisanaux.
  • Dans un tel contexte pensez-vous que le Président pourra concrétiser ses velirano ?
- Avec le coronavirus, beaucoup de paramètres ont changé. Les bailleurs de fonds ont révisé à la baisse la croissance moyenne pour les pays pauvres. Il est évident que les projets présidentiels ont subi les impacts de la pandémie. Mais il a certainement des solutions de rechange étant donné qu’il a dû envisager les projets avant même d’arriver au pouvoir. On verra bien.
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