Conjoncture - Une crise alimentaire après la crise sanitaire


Les impacts de la pandémie de covid-19 vont au-delà de la crise sanitaire. Le Cercle de réflexion des économistes de Madagascar prédit une crise alimentaire. Il faudra se préparer à une crise des denrées alimentaires au moins au cours des deux prochaines années», lance le membre du Cercle de réflexion des économistes de Madagascar Rado Ratobisaona. Il y a un risque que les pays qui exportent les produits de première nécessité réduisent leurs exportations dans les mois à venir. La réduction des activités de production liée aux différentes mesures de confinement a touché l’ensemble des secteurs y compris le secteur alimentaire, explique un autre membre du CREM. Cela a entraîné ces dernières semaines l’emballement des marchés internationaux notamment des céréales. Il y a également l’incertitude autour de la prochaine récolte en Europe, menacée par une possible sècheresse. Par conséquent, des importateurs font déjà des réserves en prévision d’une possible pénurie, des achats justifiés par la décision d’un nombre de plus en plus important de pays de suspendre leurs exportations. C’est le cas de la Russie, le premier exportateur mondial de blé. Moscou a en effet décidé de ne plus exporter du blé, du seigle, de l’orge et du maïs jusqu’au 1er juillet. Raison évoquée la stabilisation et la sécurisation du marché national russe. Indépendance alimentaire Cette analyse du CREM rejoint ainsi celle de l’ONU qui craint un potentiel risque de pénurie alimentaire à l’échelle mondiale liée à la pandémie. «Parallèlement à la pandémie de COVID-19 se profile également une pandémie de faim», a lancé il y a quelques jours le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM) David Beasley lors d’une session virtuelle du Conseil de sécurité des Nations Unies. Le PAM craint alors que le nombre de personnes souffrant de la faim risque que doubler en 2020. Dans ce sens, il est primordial pour le CREM que Madagascar se prépare à cette éventualité. L’association prône la mise à profit des avantages naturels du pays. Le PCA de l’association David Rakoto avance la mobilisation de la population pour une plantation vivrière massive comme le maïs, le manioc ou la canne à sucre pour garantir l’approvisionnement alimentaire. Le CREM estime également que le moment est venu pour le pays de penser plus que jamais à l’indépendance alimentaire en boostant le secteur agroalimentaire et agro-industriel. «L’idée est de produire nous même nos produits de première nécessité», souligne Rado Ratobisaona.
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