Courrier des lecteurs - Moralité politique, première condition de l'émergence de Madagascar


En régression constante depuis son Indépendance, Madagascar est aujourd’hui classé parmi les États défaillants. Les élections successives, qualifiées de “régulières et légales”, par les observateurs internationaux, ont conduit au pouvoir des dirigeants qui n’ont jamais apporté un développement incluant la majorité de la population. L'endettement croissant du pays et les taux de croissance salués par les partenaires techniques et financiers, n'ont fait reculer significativement ni la pauvreté, ni la mauvaise gouvernance. Madagascar n'a jamais connu d’alternance politique normale ou sans émeute. Et d'après le dernier rapport des observateurs électoraux européens, la valeur de nos élections est altérée par l'absence de plafonnement et de transparence des financements des campagnes électorales. Au fil des années, la volonté politique de moraliser la gestion de l'État semble de plus en plus hypothétique. Cette situation est avant tout directement ou indirectement liée à la Corruption généralisée et à l'absence de moralité politique. Selon la Convention des Nations Unies Contre la Corruption (UNCAC), dont Madagascar est signataire, on entend par corruption toute délinquance économique, fraudes et évasions fiscales, blanchiments, avoirs illicites et biens mal acquis. La corruption est une transformation illicite de l’argent public en fortune privée. Il en résulte un enrichissement d’une minorité aux dépens de la majorité de la population, privée ainsi que des services publics auxquels elle a droit: sécurité, soins médicaux, éducation et infrastructures de développement. Quelle que soit la vision ou la stratégie d'émergence adoptée, sans moralité politique, les bénéfices de la croissance seront toujours très inégalement répartis. Il s’en suivra alors une légitime frustration populaire, des émeutes et une instabilité politique. Que faire? Avant tout, instaurer un cadre juridique dissuasif. Le Président de la République a aujourd'hui la possibilité exceptionnelle de promulguer par voie d’ordonnance la loi déjà prête sur le recouvrement des biens mal acquis. La classe politique a toujours esquivé cette loi et continuera très probablement à le faire. Cette loi constitue une obligation internationale pour Madagascar et c'est surtout l'unique moyen de restituer aux Malgaches ce que les pseudo-riches leur ont volé pendant des décennies. La promulgation de cette loi est aujourd'hui la seule véritable nécessité impérieuse pour notre pays, dans quelques semaines il sera peut-être trop tard ! par Arilaza Razafimahaleo (ALEFA MADAGASIKARA / Association citoyenne depuis 2003 / Omapi N° 19360 / La Carrière Mangarivotra - Mahajanga)
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