Lutte contre le blanchiment d'argent - Un homme de poigne aux commandes du SAMIFIN


La passation de service entre le nouvel homme fort du Samifin et son prédécesseur s’est déroulée, hier. D’entrée, le nouveau directeur général donne le ton de ce que sera son mandat. Droiture et audace. C’est le leitmotiv mis en avant par Mamitiana Rajaonarison, nouveau directeur général du Service de renseignement financier (Samifin). À l’entendre, ce sont également les mots d’ordre qui devront guider, dorénavant, les actions de cette entité. « La droiture et l’audace, sont les mots d’ordre et la clé de notre combat. C’est l’attitude que nous devons avoir. En tout cas, moi, j’ose. Nous ne sommes pas là pour servir un groupe de personnes, mais pour servir la nation », déclare d’entrée le nouveau boss du Samifin. La cérémonie de passation entre son prédécesseur, Boto Tsara Dia Lamina, et lui s’est tenue, hier, au siège du Service de renseignement financier, à Ambohijanaka. Ancien directeur régional du Bureau indépendant anti-corruption (Bianco) pour Atsimo-Andrefana, Mami­tiana Rajaonarison est peu connu du public. Toutefoios, il jouit d’une solide réputation dans le milieu de la lutte contre la corruption. Parmi ses faits d’arme figurent les investigations qui ont mené à l’arrestation de Claudine Razaimamonjy, femme d’affaires, en avril 2017. Il a même procédé à son interpellation, au Palais des sports de Mahamasina. Chasse aux informations Il n’en a pas l’air, à première vue, mais son discours durant la cérémonie d’hier, puis la manière dont il a tenu tête à la presse, indiquent que le nouveau directeur général du Samifin est un homme de poigne. Dans sa posture, ses gestes et même le ton de sa voix, il a démontré une assurance sans faille. Une attitude qui témoigne de son parcours d’officier supérieur de la gendarmerie nationale. Avant d’intégrer le Bianco et de migrer à la tête du Samifin, cet ancien de l’Aca­démie militaire d’Antsirabe a fait ses gammes à la gendarmerie nationale. Au regard de sa posture, il compte vraisemblablement appliquer cette rigueur et audace militaires à la méthodologie de travail du Service de renseignement financier. « Nous devons être droit et courageux. La loi est l’arme mise à notre disposition pour mener à bien la mission qui nous es t confiée », lance Mamitiana Rajaonarison à l’endroit du personnel du Samifin. Face à la presse, il ajoute que l’indépendance prévue par la loi lui suffit pour s’émanciper des courants de pression et d’influence. « La loi dit que le Samifin est indépendant et ça me suffit », déclare-t-il, allant jusqu’à laisser paraître une certaine désinvolture au sujet d’éventuelles pressions. S’agissant de la méthodologie de travail, le nouveau directeur général du Samifin mise sur la « proactivité », pour que la lutte contre le blanchiment de capitaux soit plus percutante. Aussi, compte-t-il mettre à profit ses expériences de limier de la Gendarmerie nationale et du Bianco pour booster l’efficience du Service de renseignement financier. « Le Samifin va désormais partir à la chasse aux informations et non plus attendre les renseignements communiqués par les entités financières assujetties », souligne-t-il. La lutte contre le blanchiment de capitaux veut que des entités financières telles que les banques ou les casinos communiquent au Samifin les renseignements sur les transactions financières suspectes. Mais les dispositions légales autorisent également le Service à prendre l’initiative de mener des investigations. D’autant plus que son directeur général concède que la majorité des transactions financières à Mada­gascar se font en dehors du circuit financier formel. « La loi dit que le Samifin collecte et traite les renseignements financiers. Nous allons donc partir à la chasse aux informations », renchérit Mamitiana Rajaonarison. Il mise ainsi sur la collaboration avec les différents acteurs de la lutte contre les infractions financières et la corruption pour étendre les tentacules du Service, afin de concrétiser son idée de lutte proactive contre le blanchiment de capitaux. « Nous allons utiliser tous les réseaux. Renforcer le partage d’information. Toutes les infractions financières qui passent sous les radars des autres entités doivent être identifiées par le Samifin », ambitionne son nouveau directeur général
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