Conjoncture - Le Sefafi craint une crise sociale


Alors que Madagascar se débat contre la pandémie, l’incertitude gagne de plus en plus les activités économiques. RÉVÉLATEUR de précarité. Peut-on craindre des conséquences sociales dans les mois à venir ? «Bien sûr, ce serait la pire des choses à craindre», répond le docteur en économie Andriampeno Ramiliarison. «Il y a un risque réel», lance le président de l’Alliance pour l’industrialisation durable de Mada­gascar, Rivo Rako­- tondra­sanjy pour qui, ce qui se passe actuellement à Toamasina avec les conducteurs de cyclo-pousse est un signe avant-coureur. Dans un communiqué, l’Observatoire de la vie publique (Sefafi) a également attiré l’attention sur cette menace qui plane sur la Grande île, en pleine pandémie de Covid-19. «Une explosion sociale n’est pas à exclure», souligne le Sefafi qui s’attarde sur les inégalités flagrantes entre les Malgaches et surtout la précarité dans laquelle vivent une grande partie de la population. Une précarité qui a toujours été présente mais qui a été mise en relief ces derniers jours. Il est clair que la pandémie aura des impacts néfastes pour l’économie à Madagascar dont l’ampleur n’est pas encore définie. Confinement utopique Si le secteur du tourisme est le premier touché, les mesures de confinement de la population et l’arrêt des activités risquent de priver un grand nombre de personnes de source de revenu. «Tout le monde n'est pas fonctionnaire. Même les salariés du privé commencent à s'inquiéter», indique Andriam­peno Ramiliarison. Pour cet économiste, l’explosion sociale peut cette fois ne pas passer par les politiques car les gens recherchent à manger. Le Sefafi rappelle entre autres cette réalité en indiquant que pour­les « petits gens », l’interruption des activités serait «suicidaire». Sur cette lancée, l’Obser­vatoire a attiré l’attention sur l’échec des mesures de confinement dans certains quartiers. «L’économie de subsistance est incompatible avec un confinement de longue durée», statue le Sefafi. Un confinement qualifié d’ailleurs d’utopique par Rivo Rako­ton­drasanjy. Le président de l’Al­liance pour l’industrialisation estime toutefois que l’explosion sociale n’est pas inéluctable. Pour lui tout dépend de la qualité de communication du gouvernement. Il ajoute que les pannes au niveau de la Jirama et des connexions internet peuvent avoir l’effet d’une bombe dans le contexte actuel. Le Sefafi s’en remet de son côté au discernement des dirigeants en indiquant au passage que la distribution directe de vivres ou d’argent ne suffit pas dans la mesure où l’état ne pourra pas poursuivre sur cette voie indéfiniment. L’Observatoire a également souligné que toutes les personnes qui peuvent prétendre à ces aides ne pourront pas être touchées, causant de la frustration voire de la colère chez les exclus.
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