Les trois grandes régions d’habitat des Vazimba


L’Imerina, l’Ouest et l’Est sont les trois grandes zones de la Grande ile connues pour avoir accueilli un peuplement vazimba. Ailleurs, « on n’a jamais entendu parler de Vazimba ni de populations anciennes se rattachant à eux », mis à part les Mikea dans le Sud-Ouest qui mènent un genre de vie très primitif et qui ressemblent, dans un sens, à leurs voisins Masikoro par la pratique des cultures sur brûlis (Jeanne Dina et Jean-Michel Hoerner, « Études sur les populations Mikea du Sud-Ouest de Madagascar », revue « Omaly sy Anio » N°3-4, 1976). Selon une étude menée par Daniel Raherisoanjato sur « Les Vazimba dans le Sud-Betsileo » (« Omaly sy Anio » N°15, 1982), en Imerina, l’existence des Vazimba est révélée par les traditions orales recueillies par le père Callet, dans les « Tantara ny Andriana eto Madagascar ». D’après les témoignages rapportés par ce dernier, les Vazimba auraient été les premiers habitants des Hautes-Terres. Toutefois, « à côté de ce genre de documents qu’il faut lire avec précaution et beaucoup d’esprit critique », il existe d’autres témoignages, mais de nature différente. Daniel Raherisoanjato parle ainsi des « fasam-bazimba » (tombeaux des Vazimba). Il les décrit comme de vieilles sépultures que l’on trouve, le plus souvent, dans un fond de vallée ou près d’un marécage. Ces tombeaux ont servi de lieux de culte populaires » où les gens viennent invoquer les ancêtres vazimba pour leur demander protection et richesse. Il signale aussi les sites d’habitation vazimba « que l’on arrive à repérer sur les hauteurs, telles Ankatso, Ambohidempona et Andohamandry » (Georges Lejamble « Quelques directions de recherche pour une archéologie des Vazimba », revue du Musée d’art et d’archéologie « Taloha » N°7 1976). L’auteur de l’étude cite également la présence du groupe Antehiroka à l’ouest d’Ambohimanarivo et dont « les descendants affirment avec des généalogies à l’appui, avoir des liens avec les divinités vazimba » (Jean-Pierre Domenichini « Antehiroka et Vazimba. Contribution à l’histoire de la société du XVIIIe et XIXe siècle », Bulletin de l’Académie malgache, LVI). J. Dina et J.-M. Hoerner affirment qu’en dépit de ces divers témoignages, il se trouve que les Vazimba présentent aux yeux des populations, un caractère mythique et légendaire : « olo-pohy, lava loha, be nify, ngita volo ary mena maso ». Autrement dit, « des personnes naines qui ont une tête allongée, de grosses dents, des cheveux crépus et les yeux rouges ». Certaines traditions merina parlent, au contraire, d’un géant surnommé Rapeto, considéré comme d’origine vazimba. Les mêmes traditions merina précisent que Rapeto aurait atteint d’une seule enjambée, à partir d’Antananarivo, des localités situées au Sud, dans la région de l’Ankaratra. Outre son caractère légendaire, l’histoire de Rapeto se trouve aussi liée à des tombeaux vazimba attribués à ce personnage ainsi qu’à ses descendants et que l’on croit se situer près de Miarinarivo, dans l’Itasy, et au sud d’Ambohijanaka. D’autres traditions orales rattachent les Vazimba aux premiers Merina, et même aux souverains comme Rafohy, Rangita et Andriamanelo. Le fait dominant de cette époque, remarque l’auteur de l’étude, est la guerre qui oppose les deux groupes de population, les Vazimba et les Merina. Les traditions orales mettent en avant la technologie « rudimentaire des Vazimba qui n’ont pu s’opposer aux conquérants merina armés de lances à pointes de fer ». D’où la défaite des Vazimba et leur fuite vers deux directions opposées, l’Ouest et l’Est. Dans l’Ouest, Alfred Grandidier rapporte en 1869, le témoignage le plus ancien concernant les Vazimba (« Travail sur les Vazimba de Madagascar », 1888. Témoignage »). Témoignage bientôt suivi par les travaux entrepris par le pasteur Emil Otto Birkel (« Les Vazimba de la côte Ouest de Madagascar », Mémoire de l’Académie malgache, 1886). De son côté, Jean-Claude Hébert, dans ses « Simples notes sur les Vazimba de Betsiriry » (Bull.de M/car, 1936) évoque les populations de Miandrivazo « où des éléments vazimba « servaient jadis à désigner les alliés par plaisanterie » comprenant, d’une part, les premiers occupants du pays sakalava et, d’autre part, les groupes de population nouvellement installés dans la région. Dans l’Est, Jean Poirier signale l’existence des Vazimba à partir des traditions orales recueillies en pays bezanozano (« Les origines du peuple et de la civilisation malgache », Bull. de M/car, décembre 1966). Il précise que les Vazimba sont issus « d’une partie des bandes vaincues fuyant vers l’Est, à travers la vallée de l’Ankay (Haut-Mangoro) pour aller se fondre dans les populations bezanozano qu’il qualifie d’« ethnie complexe » ou pour s’installer au-delà de la seconde falaise chez les Betsimisaraka.
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