Energie fossile - Le gel des prix du carburant tarde à fondre


Alors que les prix du carburant n’ont pas changé depuis juin 2019. Soit dix-huit mois d’inhibition statique qui suscite plus d’interrogations que de satisfecit. Un authentique exploit à insérer dans le « Guinness book » des records. Mada­gascar est le seul pays au monde qui ait pu maintenir les prix du carburant au même niveau pendant une année et demie maintenant. Pour un marché d’une volatilité extrême, un attentat à l’autre bout du monde peut influencer, sinon affoler, les cours du baril, cette tangente malgache passe pour être une exception à la règle, à l’échelle planétaire. Ceux affichés aujourd’hui sont en vigueur depuis le mois de juin 2019, après d’ âpres surenchères et marchandages, entre le président de la République, Andry Rajoelina, et les représentants des pétroliers. Les modifications mensuelles, à la hausse ou à la baisse, du temps du régime HVM, ont été effacées des tablettes des variations de prix. En contrepartie de « leur franche collaboration » avec l’État, les pétroliers, au sens large de leur appellation, ont eu droit à 172 milliards d’ariary de « dividendes », sous forme de dettes. Car, ils auraient pu donc augmenter ces prix, à un moment ou à un autre, durant cette longue période de statu quo. Mais au début de la crise sanitaire, un an déjà, où toutes les activités économiques mondiales ont été mises entre parenthèses, le brut était cédé à 5 dollars le baril et le West Texas Intermediate, WTI, l’équivalent américain du Brent de la Mer du nord, était sur le point d’être bradé, c’était autant d’occasions manquées de revoir ces prix. Coûts Bien sûr, il existe l’autre paramètre essentiel sur le long du différentiel des coûts de revient qu’est la parité de l’ariary vis-à-vis du dollar. Toujours en faveur du billet vert américain. Ou encore les taxes et redevances, tout aussi importantes. Mais les automobilistes ont toujours remarqué que l’augmentation des prix est souvent si prompte à être appliquée. Alors que les minorations, si minimes soient-elles, prennent des mois pour être effectives. Des questions se posent alors. D’abord, l’État, au regard des textes régissant la privatisation, devait-il encore interférer dans la fixation de ces prix. À travers l’Office malgache des hydrocarbures, OMH, ses missions sont circonscrites dans la régulation et le contrôle des marchés. Ensuite, les pétroliers méritent-ils leurs indemnisations aussi colossales pour empêcher la spirale inflationniste à partir des prix à la pompe, pouvant étrangler davantage le pouvoir d’achat déjà au bord de l’asphyxie du plus grand nombre de la masse des consommateurs. Enfin, les sociétés pétrolières de distribution, s’estimant être toujours lésées par ces « prix arrangés », ont-elles raison de se plaindre? Elles prévoient de construire et d’ouvrir de nombreuses stations-services cette année. Une preuve irréfutable que le marché offre une marge de progression digne d’intérêt, et qu’elles ont assez de fonds propres pour y investir avec ardeur et enthousiasme. D’autant qu’entre elles, aucune forme de concurrence n’est acceptée. Elles ont signé un pacte tacite de non-agression. Ici, exit « la variété des prix ». Il reste à connaître la perception des bailleurs de fonds sur cette nouvelle endémicité malgache, un phénomène trop rare pour passer inaperçu.
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