Libérez Ankorondrano !


Voici le topo : du rond-point près de Total Ankorondrano jusqu’à Pull Man Alorobia, un vendredi matin, le trajet prend une heure trente. Un périple qui devrait prendre au maximum cinq dix minutes. Il y a des fois même où l’on peut conduire comme dans le film « taxi ». Plus vite que son ombre à en faire pâlir Lucky et jolly jumper. Mais ce matin-là, même la tortue et le lièvre auraient pu faire et refaire le trajet sans que les multiples chevaux dans nos moteurs aient pu faire quelques mètres.  On avait beau avoir la plus rapide des voitures, la dernière version du bolide le plus cher. Face à la deux chevaux de la file d’à côté, on ne pouvait pas aller loin. Depuis maintenant quelques mois, l’axe Ankorondrano, de l’église Jesosy Mamonjy au rond Telma à Alarobia, est devenu impraticable à toute heure. Certains disent que, la nouvelle rocade directe allant jusqu’à Ivato étant fonctionnelle, il y a plus de voitures que d’habitude. Mais ce qui est bizarre, c’est que généralement, après le rond-point après La City, ça roule bien. Avec tout ce temps passé à ne pas bouger d’un poil, presque tous les jours, on a finalement le temps de préparer une thèse sur l’analyse sociale des comporte­ments des personnes bloquées dans les embouteillages. Il y a, tout d’abord, les nerveux qui n’arrêtent pas de klaxonner en pensant qu’en s’acharnant sur le kaxon et les oreilles de ceux qui sont aux alentours, les voitures vont comme par miracle tous s’envoler. Il y a d’autres, plus calmes qui sont dans leurs téléphones et qui finalement prennent tout ce temps pour être ailleurs. D’autres sont de plus en plus inventifs. Ce matin là, une dame au volant de sa voiture faisait sa manucure. Une autre avait apparemment pris tout son équipement de maquillage et était en train de faire ce qu’elle devait normalement faire sous sa douche. Il y a ceux qui confondent aussi boite de nuit et embouteillage, d’autres encore la chambre à coucher et leur siège de bus. On imagine que chacun a développé sa petite théorie concernant la vraie raison des embouteillages dans la capitale. On ne peut pas non plus généraliser car dans certains quartiers, à certaines tranches horaires, il est évident que le trafic est vraiment au-delà des capacités des rues et ruelles. Il y a aussi les taxis-be et les charrettes qui jouent aux squatters et font la loi du plus fort. Pour le cas d’Ankoron­drano, plus d’un serait d’accord avec moi de la théorie suivante : « plus il y a de policiers, moins le flux est fluide ». « Polisy malala o ! » (Cher policier ! en référence à une magnifique chanson de l’artiste Samoela) ne venez plus à Ankorondrano. Sincèrement, si on essayait, un de ces jours, de ne mettre sur cette portion de route que les éléments de poste de police qui est basé à côté de l’Express de Madagascar ! On est sûr que le résultat ne peut pas être pire que la situation actuelle. Moins il y en aura, mieux c’est. En atten­dant ce jour béni, il sera toujours intéressant de poursuivre nos observations de l’être humain dans une situation de stress ultime.
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