Discours de fin d'année - Exercice d’acrobatie pour Rajaonarimampianina


Dans un savant discours acrobatique, Hery Rajaonarimampianina a limité les exercices d’autosatisfaction pour tenter de masquer ses échecs. Malgré une année 2016 plutôt clémente, les réussites à célébrer étaient moindres face aux défaillances manifestes. Exercice difficile pour Hery Rajao­narimampianina. Sentant sans doute déplacée toute formule d’autocongratulations dans un contexte socio-économique morose, le chef de l’Etat s’est cru obligé d’évi­ter d’énumérer ses réussites durant son discours de fin d’année. N’ayant aucune excuse valable à avancer pour expliquer et justifier les difficultés que les Malgaches continuent de vivre malgré les promesses annoncées à la même période en 2015, et en janvier 2016, il a dû se limiter à l’évocation de ses propres efforts pour les petites avancées que le pays a enregistrées l’année passée. Pour faire avaler la pilule de ses échecs, il affirme avoir travaillé autant que les Malgaches qui ont trimé pour s’en sortir en 2016. « J’ai vécu ce que vous avez vécu dans l’exercice des fonctions et des responsabilités que vous m’avez confiées », a-t-il dit en malgache, mettant en avant, en français, les mêmes « soucis » et les mêmes « labeurs » auxquels les Malgaches ont dû faire face pour ne pas disparaître avec l’année écoulée. Ne pouvant néanmoins passer sous silence les rares « réussites » « célébrées en fin d’année », il a fait appel à la mémoire des localités où il s’est déplacé pour présider des cérémonies d’inauguration et de poses de première pierre pour les rappeler à ceux qui ne veulent ni regarder ni comprendre. Clémence Avec une popularité au plus mal au sein de l’opinion, il n’a non plus pu que mettre en avant la confiance que lui témoignent les partenaires techniques et financiers. Et même s’il a évité de rabâcher le montant faramineux des aides promises à la conférence des bailleurs et des investisseurs des 1er et 2 décembre, il n’a pu s’empêcher de scander « la manifestation de la solidarité internationale » à l’égard de la Grande île. « Fort de ce constat », c’est-à-dire des avancées enregistrées par le pays, « la communauté internationale a confirmé sa volonté de nous accompagner dans l’œuvre de développement », a-t-il souligné. C’est sans doute pour masquer l’ampleur de ses échecs que Hery Rajaonari­mampianina s’est gardé d’énu­mérer ce qu’il aurait pu considérer comme ses propres réussites. L’incapacité à mettre fin aux délestages, l’insécurité, la multiplication des vindictes populaires, la mauvaise gouvernance, la poursuite des pratiques de corruption, le défaut de résultats concrets dans la lutte contre les trafics de ressources naturelles, pour ne citer que les principaux points noirs, sont autant d’échecs à mettre sur le dos des autorités actuelles. Touchant les citoyens au plus près, ces défaillances ne sauraient être effacées par la tenue à Madagascar des sommets internationaux, d’ailleurs pas si réussis que cela en l’absence des nombreux chefs d’Etat et de gouvernement promis. Les assurances obtenues sur les aides financières et les promesses de fruits et de résultats à récolter dans les prochaines années n’ont pas réussi à cacher les retards pris dans le démarrage de nombreux projets. Malgré une année 2016 plutôt clémente, si l’on s’en tient aux justifications qu’aiment bien réciter les dirigeants politiques pour expliquer leurs défaillances, Hery Rajaonari­mampianina n’a pas réussi à donner un coup de fouet au développement. Pour la première fois depuis plusieurs années, le pays n’a connu aucun aléa climatique majeur. Les autorités ont même refusé de parler de « kere » dans le sud, tandis que dans les zones habituées aux cyclones, tempêtes, les inondations n’ont pas fait autant de dégâts que d’habitude. Côté politique, les soubresauts n’ont pas été aussi violents que ceux de ses deux premières années de mandat. De moins en moins crédible, l’opposition n’a pas réussi à susciter la sympathie populaire attendue. Trop politisée, le mouvement de contestation des journalistes qui aurait pu gêner la troisième année de son mandat s’est très vite essoufflé. Qualifiant 2016 d’une « année de multiples prémices, source d’espoir », il parle encore pour 2017 « d’immenses chantiers » à réaliser de manière à avoir des avancées plus conséquentes. Lova Rabary-Rakotondravony
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