Grève des étudiants : la digitalisation est-elle réellement le fond du problème ?


Avec des réclamations de moins de 4% au niveau de la digitalisation des bourses, doit-on arrêter la marche vers la rationalisation des ressources financières de l’Etat et de l’optimisation de l’utilisation des moyens publics ? Contexte : La digitalisation dans sa globalité est une étape incontournable pour aller vers le développement. C’est une condition sinéquanone pour espérer accéder au statut de pays émergent mais également pour attirer les investisseurs. Le développement numérique et la transformation digitale constituent des secteurs d’avenir, ils peuvent contribuer à la création d’emplois nécessaire pour baisser le taux de chômage. Au-delà d'une meilleure performance, d'une transparence et d'une traçabilité indéniable des transactions, la digitalisation permet aussi de minimiser les risques de détournement des fonds publics et les cas de corruption. Il faut également noter la baisse des risques liés aux questions de sécurité, le fait de détenir de l’argent en espèce n'étant jamais sans risque. Aller vers la digitalisation d’une manière générale est donc inéluctable, et c'est ce que l'État malagasy fait, doucement mais sûrement. En parallèle, il y a d’importants efforts à faire en matière d’éducation financière, le contexte général des pays en développement notamment par rapport au manque d’infrastructures ayant malheureusement favorisé ce type de retard. Le process : Le processus de digitalisation des bourses suit son cours et continue de capitaliser sur les erreurs rencontrées pour s'améliorer. Il reste donc bien entendu des perfectionnements à apporter, même si l’homme est par nature réfractaire au changement, ce qui pousse nombre d'acteurs ou même de bénéficiaires à se focaliser sur les points négatifs et à ne voir que le verre à moitié vide. Le processus de paiement digitalisé est à ce jour automatique, transparent et clair, et ce même s’il fait intervenir plusieurs acteurs. Tout d’abord, les listes intégrant les informations des étudiants sont issues de chaque service des scolarités et des commission des bourses des universités. Le MNDPT se charge par la suite d'intégrer les données qui lui sont fournies. En cas de réclamation, les étudiants doivent se rapprocher d’abord du service de scolarité des établissements qui doivent identifier clairement les cas qui leur sont présentés. À ces problèmes de réclamations, existent aussi les cas de retardataires c’est-à-dire des étudiants qui se sont inscrits après la date limite des inscriptions imposées par l’État central. Pour le cas des réclamations, les listes sont transmises par les services de scolarité des universités au MESupReS qui après validation transmet les données à la Paositra Malagasy pour paiement (après validation de la Présidence et du MEF via la Direction Générale du Trésor). Cette procédure s’avère indispensable pour éviter les abus ou le paiement d'étudiants fantômes. Quelques chiffres : À la date du 29 août 2022, les listes en cours de traitement au niveau du MNDPT sont au nombre de : 93 cas pour Mahajanga 418 pour Toamasina Et 1916 cas pour Antananarivo. Ces étudiants seront donc payés incessamment car ils ne nécessitent plus de DAE (Demande d'engagement) au niveau de la Présidence. Le problème est plus complexe pour les étudiants retardataires n'ayant pas pu être intégrés au départ par les universités dans la commission de bourse initiale. C'est le cas de 661 étudiants à Toliara et 1904 étudiants d'Antsiranana. Il existe à ce jour 3.543 réclamations sur les 95.000 étudiants qui profitent de la digitalisation des bourses soit un taux de réclamation de 3,72%. Le mécontentement de ces étudiants concernés par la réclamation peut s'avérer légitime, ces chiffres permettent néanmoins de mettre en exergue l'effectivité indéniable de cette digitalisation et de relativiser l’ampleur du problème.
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