Monnaie - L’inflation tombe à « pic »


Historique. Face à l’euro, la monnaie nationale se retrouve dans un déclin sans précédent. Hier, le marché de change de la banque centrale de Madagascar affichait l’euro à quatre mille cinq cent trente et un ariary. La barre symbolique des quatre mille cinq cents est atteint au grand dam des principaux concernés. « Nous avions préparé un chèque adressé à notre fournisseur pour l’achat de matériel d’entretien pour notre parc de véhicule après avoir reçu la facture pro format envoyée par ce fournisseur. Pro format réceptionné la semaine dernière et chèque signé aujourd’hui par notre responsable financier. Grand fut notre étonnement lorsque notre coursier nous a informés que le montant sur le chèque ne correspondait plus au prix initial. Le commercial de notre fournisseur nous a expliqué par la suite que le prix d’achat du matériel à la source revenait beaucoup plus cher à cause de la dégringolade de l’ariary » déplore un Marianne Angela, responsable approvisionnement d’un grand groupe de distribution agro alimentaire. Comme cette responsable, beaucoup d’opérateurs dans le domaine de l’import-export craignent de ne plus pouvoir suivre cette descente effrénée de la valeur de la monnaie nationale. « Nous importons nos produits directement d’Europe. Avec cette dévaluation de l’ariary face à la monnaie européenne, il est possible que nous nous tournions vers une alternative asiatique sans garantie de qualité d’ici quelques semaines » ajoute une vendeuse d’articles de sport en ligne. Revers En raison des impacts de la pandémie, l’ariary est sur une descente fulgurante ces dernières semaines. Andrianantenaina Ramari­feno, coordonateur national du Cercle des économistes de Madagas­car explique: « Avec la crise sanitaire, la balance commerciale a enregistré des gaps considérables. Les exportations ont subi d’importantes baisses de régime pour ne mentionner que le secteur minier qui constitue un des piliers de ces mouvements. D’un autre côté, notre volume d’importation reste quasi incompressible dans la mesure où la majeure partie des produits que nous consommons sont d’origine étrangère. Le secteur touristique, grand pourvoyeur de devises, est aussi à l’arrêt. Ce qui impacte largement notre réserve de devises ». Ainsi, cette dévaluation de l’ariary commence à inquiéter sérieusement le milieu économique. Celui-ci s’attend à une inflation galopante dans les semaines à venir, dans la mesure où cette forte dépréciation de l’ariary présente des impacts considérables sur le pouvoir d’achat des consommateurs malgaches en ces temps de pandémie. Certes, la régression de la valeur de la monnaie nationale est synonyme d’une économie en mauvaise santé. Cependant, une certaine couche de la société arrive à tirer son épingle du jeu. « Plus l’ariary se déprécie, plus cela tourne à notre avantage du fait que nos prestations en externalisation de services sont généralement rémunérées en euro », explique un travailleur indépendant dont la majeure partie des clients résident en Europe. Le malheur des uns fait le bonheur d’autres. L’expression n’a jamais aussi bien pris son sens.
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