Les grands souverains des royaumes betsileo


Le Betsileo ancien est constitué de quatre royaumes, l’Isandra, le Manandriana, l’Arin­drano et le Lalangina. Celui-ci a deux grands rois, Andriam­pianarana le législateur, frère du fondateur du royaume, et Andrianonindranarivo (lire précédente Note). Ce dernier réussit à s’imposer aux nobles Mahamasinandriana qui ne cessent de menacer le royaume. Il développe son armée et le monopole de la traite lui confère le privilège des armées. Les Lahim-basy, soldats armés de fusils, lui donnent une puissance supérieure à celle des Mahamasinandriana. « Il conduit ses meilleurs soldats et leur distribua des terres. Il développa l’usage de l’angady, répandit les techniques du drainage et d’irrigation» (Histoire de Madagascar, 1967). Pour lui, « la meilleure poudre, c’est l’abondance du riz ». Il adoucit le code de son ancêtre, Andriampianarana. D’après les auteurs de l’ouvrage destiné aux élèves de Terminales, Andrianonindranarivo caresse, semble-t-il, des projets de conquête à la fin de son règne. Il désigne avant de mourir (en 1795 ?) son cadet Ramaharo pour lui succéder. « À ce moment, en effet, la menace de l’Imerina se précisait. » Mais la mort de l’énergique Ramaharotany en 1805, au cours d’une expédition dans le Vohibato compromet définitivement le destin du Lalangina. La féodalité retrouve sa turbulence au début du XIXe siècle. Le troisième royaume, l’Isandra, se forme dans la vallée de l’affluent de la Matsiatra, probablement au début du XVIIIe siècle. Son développement est lié à l’occupation progressive de l’Ouest par les Betsileo et cette extension est marquée par la naissance des cités fortifiées de Mahasoarivo et de Fanjakana. « Le fondateur du royaume est le prince de Lalangina, Ralambo. » Si les traditions de Lalangina en font un « orgueilleux indiscipliné », celles de l’Isandra affirment qu’il est chassé par son père, Raompepanarivo. Il s’installe avec ses fidèles et ses esclaves et le ralliement de nombreux Iarivo lui permet de résister à son père. Au milieu du XVIIIe siècle, son petit-fils Andriamanalim-Betany (vers 1750 ?) est le plus grand roi de l’Isandra. Ce dernier qui est sage et prévoyant, exhorte la population à mettre en valeur la riche vallée de la Matsiatra. La riziculture est l’objet essentiel de son attention. « À bien des égards, il est comparable à Andrianampoinimerina. » Comme lui, il fonde sa puissance sur la prospérité de son royaume. Il contrôle l’activité commerciale des Vazaha venus de l’Ouest, à travers le Menabe, pour offrir aux Betsileo vaisselle, verroteries, armes contre des esclaves. La position du royaume tourné vers l’Ouest lui confère une supériorité économique sur les autres rois. Une première victoire sur le Lalangina assure sa réputation. De nombreux Vatolahy, pierres dressées à sa gloire, se rencontrent jusque dans les pays bara à l’Ouest et au Sud. Cependant, les groupes bara et les princes de Vohibato, malgré les expéditions betsileo, échappent à sa domination. Souverain de Lalangina, respecté par ses sujets qu’il protège bien, il demeure le grand roi de l’Isandra. Mais après sa mort, ses descendants ne peuvent maintenir la supériorité du royaume sur ses voisins. Des luttes opposent les nobles à la royauté qui doit se réfugier à Fanjakana. L’unité est compromise ainsi que le rêve d’unification du Betsileo. Le quatrième royaume, Manandriana, marche septentrionale du Betsileo, très peu peuplé au nord, n’est unifié qu’au cours de la deuxième moitié du XVIIe siècle. « Les Hova du Manandriana ne s’unissaient qu’en cas de guerre, sous la conduite d’un chef. » L’autorité de ce prince cesse avec les combats. « La conquête imérinienne interrompit une évolution qui aurait peut-être permis aux descendants de Rainindratafika d’organiser une royauté plus stable. » Dans le Betsileo, au cours du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle, les luttes qui opposent le Lalangina et l’Isandra, les deux royaumes les mieux organisés, n’aboutissent pas à l’unification du pays. « Les dernières années du XVIIIe siècle sont marquées par l’affaiblissement général des royautés. » Les révoltes des Hova (nobles betsileo) contre leurs rois rendent impossibles une opposition sérieuse à Andrianampoinimerina. Hormis dans l’Arindrano, les rois acceptent la souveraineté de l’Imerina. « Mais la turbulence des nobles, la fierté des paysans libres, rendaient le pays peu sûr et la suzeraineté des Merina assez fragile. »
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