Évaluation de la conjoncture - Ramtane Lamamra reprend du service


L’inquiétude est palpable chez la communauté internationale. Ramtane Lamamra est, à nouveau, dépêché dans la Grande île pour une mission d’évaluation. Préoccupé. Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine (C-UA), décide de dépêcher à Mada­gascar, Ramtane Lamamra, son haut représentant. L’objet de cette nouvelle mission du diplomate algérien est « d’évaluer la situation dans le pays et appuyer le processus en cours ». La tournure que prend la conjoncture nationale semble motiver des inquiétudes internationales. Selon le communiqué de presse de l’Union africaine cette décision aurait été prise « à la demande de la partie malgache », et à l’issue d’une rencontre entre le président de la C-UA et Rivo Rakotovao, président du Sénat, à Addis-Abeba, Ethiopie, jeudi. La missive rapporte que le numéro un de la Chambre haute a informé son hôte de l’évolution de la situation dans le pays dans la perspective des élections à venir. « Pour sa part, le président de la Commission a réitéré l’engagement de l’Union africaine à continuer à accompagner Madagascar pour l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles », indique le communiqué de presse. Il y est ajouté qu’il « réitère son appel à l’ensemble de la classe politique malgache pour qu’elle fasse preuve d’esprit de responsabilité ». Constat Après avoir conduit la médiation de la crise d’avril et mai, Ramtane Lamamra reprend donc, du service. Le Haut représentant du président de la C-UA devra alors, évaluer la situation post-accord politique dont-il a été le facilitateur. Un accord portant essentiellement sur la nomination d’un « Premier ministre de consensus », et d’un nouveau gouvernement, bétonnée par une décision de la Haute cour constitutionnelle (HCC), le 25 mai. La mission principale attribuée au gouvernement post-crise est l’organisation de l’élection présidentielle. Bien que le calendrier électoral soit fixé, ou encore, que la liste des candidats à la course à la magistrature suprême soit connue, la conjoncture pré-électorale est source d’appréhension chez les observateurs nationaux et, notamment, internationaux. La semaine dernière, c’est la Commu­nauté des États d’Afrique austral (SADC), qui s’est fondue d’une déclaration. A l’issue de son 38e sommet, à Windhoek, Namibie, cette organisation régionale « a exhorté toutes les parties prenantes politiques à faire en sorte que les prochaines élections se déroulent dans un environnement pacifique ». Outre la tension risquant d’engendrer une crise postélectorale, les préoccupations internationales se portent, aussi, sur l’éventualité que cette ambiance tendue n’entraîne un report du scrutin présidentiel. Ce constat ressort des échanges avec des mem­bres du corps diplomatique. Alors que plusieurs observateurs s’attendaient à ce que la publication de la liste des candidats, l’attribution de leurs numéros respectifs sur le bulletin unique, aurait tu les courants s’opposant à l’élec­tion, ce n’est pas le cas. Des candidats recalés requièrent l’annulation de la décision de la HCC sur la liste des participants à la course pour la conquête d’Iavoloha. Un groupe d’aspirants à la magistrature suprême concoctent un boycot du processus. Ces derniers font écho aux appréhensions d’un courant de la société civile et mettent en doute les aptitudes des entités chargées de l’organisation des opérations de vote et de juger le processus à rendre le verdict des urnes et le faire respecter. Il y a ceux qui affirment que les décisions antérieures de la HCC pour taire les disputes politiques au détriment du droit entament sa crédibilité en tant que juge électoral. La Commission électorale nationale indépendante (CENI), reconnaît son impuissance face aux dérives de la précampagne. Plusieurs appréhendent, pourtant, que la CENI ne puisse pas arrêter l’hémorragie des abus constatés, aujourd’hui, lors de la période officielle de la campagne électorale. De prime abord, le retour de Ramtane Lamamra pourrait plonger dans une ambiance pré-électorale anarchique, où des candidats travaillent déjà l’opinion publique sur des risques de fraudes et même à d’éventuelles contestations des résultats. Une conjoncture où les entités chargées de la bonne marche du processus électoral essaient tant bien que mal de rassurer les sceptiques.
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