Bemiray - Environnement - Les mères de la forêt


Baobab et Japonais, on pourrait donner ce titre général aux deux pages de cette chronique hebdomadaire de Tom Andriamanoro. Le baobab est, en effet, l’un des atouts de la Grande ile, tandis que les Japonais sont des visiteurs dont Madagascar a besoin pour développer le secteur. [caption id="attachment_68463" align="alignleft" width="426"] Les Baobabs de Madagascar, surtout dans le Menabe, sont réputés dans le Monde entier.[/caption] Le Mainichi Newspaper est un quotidien de grande envergure de Tokyo, et l’un de ses reportages l’a mené jusqu’aux baobabs du Menabe, également surnommés « mères de la forêt », ainsi que du côté de Taolagnaro où l’organisation non gouvernementale japonaise, Association de la Croix du Sud, s’est beaucoup investie contre la déforestation. La parole à Kazuhiko, grand reporter. « Les baobabs, avec leur tronc en forme de colonne et leurs branches étendues en l’air, semblent avoir poussé sens dessus dessous. Ils sont là calmement, que ce soit sous les rayons du soleil qui font près de 40° C, ou sous la Voie Lactée qui semble à peine capable de ne pas laisser tomber ses étoiles. « À 50km au Nord de Morondava, un de ces arbres géants a un diamètre de 3m et une hauteur de plus de 10m. Les âmes de nos ancêtres demeurent dans cet arbre et nous protègent, nous a expliqué le vénérable vieillard du village. Nous lui avons demandé de prier pour la réussite de notre voyage. Il versa du rhum au pied de l’arbre, et une autre personne le sang d’un poulet tué à coups de couteau. Le vieillard a alors regardé dans un miroir censé refléter la réponse des ancêtres. Tout ira bien »… « La mère de la forêt est aussi très liée à la vie quotidienne. L’écorce est utilisé pour la toiture, la fibre fournit des cordes, le fruit est mangé et donne du jus. Le noyau donne de l’huile dont l’odeur riche est comparable à celle de l’huile d’olive. La mère de la forêt est aussi la mère de l’homme. « Sur la côte opposée à 60 km de Taolagnaro, l’Association de la Croix du Sud s’est beaucoup dépensée pour la défense de l’environnement. Les habitants de trois villages pratiquaient l’écobuage et fabriquaient du charbon de bois ou des matériaux de construction. Chaque village a maintenant une coopérative de protection forestière. Les villageois confectionnent des statuettes d’animaux dans des arbres tombés. Lorsqu’ils fabriquaient du charbon, ils percevaient 2 700 yens par mois en vendant 30 sacs de 25 kilos, somme qu’ils gagnent maintenant avec la vente de huit statuettes de 30cm. [caption id="attachment_68464" align="alignleft" width="300"] C’est ainsi que se présentent les baobabs amoureux.[/caption] Rétro pêle-mêle Dites-le avec des plantes… Le temps passe vite. Treize ans déjà que j’ai visité la pépinière du regretté Alfred Razafindratsira, Pedy pour les amis, et de son épouse. Pour ce couple de passionnés, la protection de la nature passe aussi par la multiplication et la valorisation des plantes, y compris à l’extérieur. Partant du constat que le milieu naturel n’est pas exempt de facteurs endogènes de destruction, ils ont constitué une véritable banque génétique qui, par exemple, leur a déjà permis de reproduire des « baobabs amoureux » aux troncs enlacés, à partir de graines et sans rien voler à la nature. Dans le processus, les graines passent obligatoirement par des laboratoires comme ceux du Centre technique horticole d’Antananarivo, ou encore en Afrique du Sud. Leur passion a emmené le couple aussi loin que la Chine, la Malaisie, les États-Unis, ou le Japon. Dans ce pays s’est déjà tenu un Salon d’horticulture consacré uniquement à Madagascar. Les plantes les plus demandées à l’extérieur sont les pachypodium, avec des commandes émanant aussi bien de jardins botaniques que de particuliers. Le meilleur pour la fin : « Nous avons envoyé un petit baobab au Japon par bateau. Il est bien arrivé et est à Osaka où il pousse très bien. Beaucoup de Japonais font le déplacement uniquement pour le voir. » [caption id="attachment_68465" align="alignright" width="353"] Jake Adelstein s’est retrouvé dans le système complexe de dons et contre-dons qui régit la mafia japonaise.[/caption]

Lu pour vous - Tokyo Vice

Extrait d’un article de David Caviglioli paru dans l’OBS, édition N° 2679 de mars 2016, et racontant l’histoire vraie de l’écrivain américain, Jake Adelstein, qui a côtoyé pendant quinze ans la mafia japonaise, les célèbres Yakuza. Jake Adelstein est né en 1969 dans le Missouri. Il est parti vivre au Japon à 19 ans. En 1993, il a intégré la rédaction du Yomiuri Shimbun, le plus important quotidien japonais et accessoirement le journal le plus lu au monde, avec un tirage de 12 millions d’exemplaires. Pendant quinze ans, il s’est occupé des faits divers et du crime organisé, et s’est retrouvé dans le système complexe de dons et contre-dons qui régit la mafia japonaise. Son métier consistait à échanger des informations et des faveurs, et à entretenir de bons rapports aussi bien avec la police qu’avec la multitude de gangs rivaux qui se disputent le contrôle de Tokyo. Il raconte cet exercice de navigation risquée dans «Tokyo vice », une ethnographie nerveuse et oppressante. Adelstein a d’abord tenté de faire paraître le livre au Japon, mais personne n’en a voulu. Il l’a publié aux États-Unis. « Tokyo vice » n’en a pas moins suscité la nervosité des clans. Avant même sa sortie, Adelstein s’est rendu compte que tout le monde savait ce qu’il contiendrait. Pour comprendre ce qui se passait, il est allé rendre visite à un petit mafieux de kabukicho, le quartier des prostituées, qui, un soir, l’avait appelé pour lui poser des questions précises sur le livre. La discussion a dérapé. Le Yakuza lui a sauté dessus, lui a cogné la tête contre un mur, l’a frappé. Adelstein qui a pratiqué les arts martiaux s’est défendu. « Ça s’est transformé en un de ces longs pugilats, très moche », dit-il. Il y avait des clubs de golf accrochés au mur du bureau. Adelstein en a attrapé un et a frappé son assaillant dans le genou, plusieurs fois, et au visage, en lui tournant autour. Le sol était jonché de verres brisés, dont un morceau a pénétré dans la plante de l’un de ses pieds. Adelstein a quitté les lieux et a dû marcher assez longtemps avant de pouvoir le retirer. Depuis, il se réveille fréquemment avec l’impression qu’un résidu de verre lui déchire le pied. Quel frisson les écrivains vont-ils chercher dans les bas-fonds ? En 2005, le Britannique Nick Cohn parle d’une expérience similaire à celle d’Adelsteisn qu’il a vécue chez les gangsta- rappeurs de la Nouvelle Orléans « Dans l’ensemble, je ne suis pas fier de cette période de ma vie. Il y a un élément de jeu un peu malsain dans cette démarche. On sait qu’on est impliqué dans quelque chose de dangereux, mais pas complètement non plus. On peut sortir quand on veut. Contrairement à ceux qu’on fréquente, on a un billet retour. » [caption id="attachment_68466" align="alignleft" width="300"] Sadao Watanabe, grand saxophoniste réputé dans le monde, est déjà passé à Madagascar.
Les Japonais aiment quitter leur pays
pour faire du tourisme pendant les vacances.[/caption]

Tourisme, culture, et mémoire - La Grande Île vue du Japon

De source gouvernementale japonaise, les cinq destinations africaines préférées des Japonais sont l’Égypte, le Maroc, l’Afrique du Sud, le Kenya, et la Tunisie. Madagascar, pour sa part, ne pointe qu’en neuvième position. Généralement, ils ont le choix pour leurs vacances entre trois périodes : le Nouvel An, la Golden Week (du 29 avril au 6 mai) et la période d’Obon à la mi-août. Gros travailleurs, les Japonais ne prennent pas plus de dix jours de vacances, et ne veulent pas en perdre une miette. C’est pourquoi ils sont rarement attirés par les pays à problèmes politiques récurrents (comme parfois Madagascar), et ceux dont les infrastructures leur font perdre du temps inutilement sur les routes (suivez mon regard !). Très exigeant, le touriste japonais ne plaisante pas non plus avec le confort et la sécurité (hélas, suivez encore une fois mon regard...). Les circuits classiques qu’empruntent ceux qui viennent néanmoins à Madagascar, transitent généralement par Berenty (lémuriens diurnes et nocturnes) et Morondava (Allée des baobabs, couchers du soleil). Le web a contribué à multiplier les centres d’intérêt et on a assisté à une petite percée du culturel (Vezo, Hira Gasy, Famadihana). Sans que cela ait des impacts immédiats, Madagascar a déjà accueilli de grands noms de la musique japonaise tels Yutaka Fukuoka qui s’est produit avec la troupe folklorique Bakomanga, et l’immense saxophoniste de jazz, Sadao Watanabe, qui a joué avec Dédé Rabeson et Samy Andriamanoro. Sur le plan sentimental enfin, une famille effectue chaque année un pèlerinage à Antsiranana en mémoire de quatre officiers de marine japonais, morts dans les eaux malgaches durant la deuxième guerre mondiale. Lettres sans frontières Une digression Entre l’écrit et l’écran, il n’y a jamais qu’un pas, ou plutôt un pont qui est régulièrement franchi. Une raison pour laquelle nous nous permettons une digression, en présentant quatre films qui ont pour dénominateur commun le fait que le cadre de l’intrigue, à savoir Tokyo, y est un acteur à part entière. . Le barbare et la geisha (1958). Townsend Harris, premier consul américain au Japon, s’éprend d’une ravissante geisha. Un couple que la société a tôt fait de juger et condamner. . Kill Bill (2003). L’héroïne, alias la mariée, se rend comme en pèlerinage à Tokyo où s’enracine son histoire. Il lui faut un sabre infaillible fabriqué de la main du maître Hattori Hanzo. . Lost in translation (2004) Une force irrépressible réunit un acteur un peu ringard venu tourner une pub, et la jeune Charlotte délaissée par son mari, un photographe branché. La ville les enveloppe comme dans un cocon vaporeux. . Babel (2006). Une tragique incommunicabilité entre Cheiko, une jeune sportive sourde-muette, et son père, un vendeur d’armes recherché par la police. Photos : Archives de l’Express de Madagascar – AFP
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