L’eurotisme d’un plan à trois


Prévisible. La montée irréversible vers le sommet de la monnaie européenne sur le baromètre du Marché Inter-bancaire de Devises, MID, est tout sauf une surprise. À la clôture des séances avant la pause d’hier, l’euro s’arrachait à plus de 4 500 ariary. Et encore, il ne s’agit que d’une indication tout à fait relative. Au marché des changes au noir, à ciel ouvert ou sur les réseaux sociaux où s’organisent des marchés financiers parallèles, au vu et au su de tout le monde, tout peut s’envoler au gré des surenchères et des marchandages. Par le mécanisme de l’offre et de la demande. Les grosses coupures sont mieux cotées que les petites. La Banque centrale n’a pas encore jugé utile d’intervenir afin de comprimer les fameux pics sur la courbe fluctuante des valeurs. Elle a tout à fait raison. Tant que les activités économiques liées aux principales mamelles nourricières de la croissance globale, que sont l’industrie du textile, le secteur minier et le tourisme, restent tributaires des mesures restrictives et contraignantes de l’état d’urgence sanitaire, il est inutile de s’affoler outre mesure. Une attitude désinvolte et irresponsable de la part de la Banque centrale? Pas du tout. Plutôt une démarche prudentielle dictée par une certaine logique. Comme la parité monétaire ne peut qu’être l’exact reflet de la situation économique réelle, la traduction financière de la santé de celle-ci, une action de la Banque centrale ne servirait qu’à maquiller la laideur de l’ariary face à la beauté ineffable de l’euro et du dollar. Ces deux monnaies se portent comme un charme. Par contre, des réformes des rouages du système de change flottant peuvent être envisagées. Cette trouvaille du ministre des Finances José Raserijaona en 1994, a été adoptée et adoubée afin de rassurer les bailleurs de fonds. Intrigués et soupçonneux par les « Promisorry notes », en millions de dollars, circulant sous le manteau. Libellés au crédit de la société factice, fictive et écran « Flamco ». Pour l’importation des tonnes de riz et de d’huile en vrac. Alors qu’aucun motif valable ne justifiait une telle urgence. C’était le début des ennuis pour le « père de la démocratie », le professeur Albert Zafy. Dépassé par les manigances ourdies par des collaborateurs de son entourage immédiat. Alors, des propositions ont été avancées pour recadrer le tempo de fonctionnement du MID. Des irréductibles nationalistes insistent pour le retour à la parité fixe. Une solution inacceptable pour les partenaires financiers. Elle dénature les rapports des forces économiques et financiers entre eux et Madagascar. D’autres souhaitent une ouverture du MID à tous les acteurs du secteur informel qui détiennent des matelas importants d’euros et de dollars. Cela pourrait se faire par l’interdiction ferme et sans équivoque des « deals manuels sur les trottoirs ». Il se peut aussi que le salut vienne de la suppression de la double-cotation, eurodollar. Dans la mesure où l’ariary ne profite guère de la dépréciation de l’un sur l’autre. Il reste la constitution des réserves en lingots d’or. Mais le métal jaune, si précieux soit-il, n’est pas convertible. Aussi, est-ce une option comme une autre. Pas d’emballement, a priori. L’aide additionnelle de 171,9 millions de dollars du Fonds monétaire international, dans le cadre de la Facilité de crédit rapide devrait au moins redonner le moral à l’ariary.
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