Dossier - Réinventer l’enseignement et l’apprentissage : pourquoi et comment ?


Comment transmettre efficacement des connaissances aux étudiants? Est-ce que le « savoir » que pensait transmettre l’enseignant est bien celui que l’étudiant aurait saisi ? En faisant subir une certaine transformation au « savoir à enseigner » dans le but de le transmettre, ne serait-il pas en fin de compte quelque peu dénaturé ? Comment passer du « savoir à enseigner » vers le « savoir enseigné » selon la formulation d’Yves Chevallard (1985) sur la transposition didactique interne. De telles questions se posent à l’enseignant qui se soucie continuellement de sa méthode d’enseignement. En effet, la diversité des étudiants rencontrés dans les promotions successives, tant dans leurs prérequis aux matières que je leur enseigne que dans leurs objectifs professionnels, et bien évidemment dans leurs caractères personnels, m’a conduit à prendre en considération leur environnement respectif. Aussi, d’une façon générale, la méthode d’apprentissage que je mets en œuvre consiste-t-elle à contextualiser l’enseignement afin de faciliter la compréhension. Le problème de la transmission des savoirs Selon Berthiaume : « Le rôle de l’enseignant du supérieur n’est plus de simplement exposer des notions reliées à son domaine d’expertise mais plutôt de concevoir des situations d’apprentissage lors desquelles les étudiants sont amenés à réfléchir aux notions présentées, à les utiliser, de façon à se les approprier » (Berthiaume, 2013) Lors de son cours, dans l’enseignement supérieur, ce que l’enseignant apporte aux étudiants forme un texte. C’est un texte qui est constitué de différents éléments : le discours oral de l’enseignant pendant les cours accompagnant les diaporamas projetés à l’écran, des documents ou des articles auxquels les étudiants doivent se référer. Tout ceci constitue un ensemble cohérent doté de relations internes logiques - à la différence des paroles que nous exprimons au quotidien dans la vie courante et qui prennent directement leur sens de la situation dans laquelle se trouvent les interlocuteurs, et que nous arrivons à saisir sans aucune difficulté. Dans un texte, chaque énoncé prend son sens de ses rapports avec les autres énoncés. Il en est de même pour les « mots » qui ont servi à la constitution de ces énoncés ; ils ne désignent pas, en général, des choses extérieures que l’on pourrait voir ou toucher ; ils tiennent leur sens de leurs relations mutuelles au sein du texte. Nous pouvons alors dire que le sens naît, non pas de la désignation, mais de la signification.Et c’est là que se situent les difficultés des étudiants ainsi que celles des enseignants car de divergentes interprétations apparaitraient selon la diversité de l’environnement de tout un chacun. En fait, tout texte comporte de l’implicite, c'est-à-dire quelque chose qui est contenue dans une expression, dans un fait sans être exprimé. « Qui, sans être énoncé formellement, découle naturellement de quelque chose », d’après Le Larousse. Prenons comme exemple ce qui a été remarqué lors de l’enseignement de la matière « Gestion des Risques » : pour commencer ce cours, les étudiants s’attendent à avoir au préalable une définition du risque. Alors, de la simple définition donnée qu’un risque est « la probabilité d’apparition d’un événement négatif et de ses conséquences », le risque désigne quoi en fait ? Du côté de l’enseignant, il devrait le rapporter à la vie d’une entreprise ; et toutes les stratégies de sa gestion s’en suivraient. Cependant, du côté des étudiants, ce seraient les accidents de moto auxquels ils ont assisté récemment, le piéton qui a failli être fauché par une voiture roulant à vive allure, l’éventuel cambriolage de leur résidence secondaire dans l’actuelle situation d’insécurité, le détournement de fonds qu’ils ont pu identifier, qui instantanément leur reviendraient à l’esprit. Par ailleurs dans un cours, lorsque l’étudiant remarque un terme nouveau, il demande à ce que l’on le lui définit à partir des mots ou de concepts qu’il a déjà connus auparavant. Mais, en réalité, ce terme prend son sens de ses rapports avec d’autres termes que l’étudiant ne connaît pas encore, et de fausses interprétations seraient probables. En tenant compte de tous ces phénomènes observables dans la transmission des savoirs, quelles méthodes alors mettre en œuvre ? Les méthodes empiriques ne sont-elles pas plus efficaces ? La PNL à la rescousse ? L’application des principes et techniques de la programmation neurolinguistique (PNL) dans l’apprentissage figure parmi des solutions proposées. Mais quels sont ces principes ? Et comment les appliquer ? J’ai choisi ci-après quelques principes de la PNL que j’observe lors des séances de formation que je prodigue aux étudiants. Tout d’abord, voyons ce que représente la PNL, et pourquoi se baser sur ces principes dans l’activité de l’apprentissage ? En une phrase, la programmation neurolinguistique est une technologie de la communication et du changement. La communication tient une place prépondérante dans l’apprentissage, et d’autre part, l’apprentissage s’effectue, pour chacun, à sa propre initiative et requiert de lui le courage du commencement, dans le désir de changement et de développement. Ainsi au commencement des cours, je donne toujours l’occasion à chacun des étudiants de s’exprimer librement, en éliminant tout souci d’être jugé, au sujet des connaissances qu’ils ont déjà acquises auparavant se rapportant au cours, et de ce qu’ils attendent du cours. Partant du principe de la PNL que « La carte n'est pas le territoire », qui veut dire que la réalité n'est en fait que la représentation de ce que nous nous en donnons et non pas la vérité, nous comprenons que l’acquisition du savoir transmis par l’enseignant est conditionnée par différents paramètres dépendant aussi bien de l’apprenant que de l’enseignant. C’est ce qui nous a amené à chercher à connaître l’environnement (le passé, le présent, l’avenir) de chaque apprenant, car les cours seront élaborés en fonction de ces informations. Donc, la méthode d’apprentissage choisie devra faciliter la compréhension.   Exploitation de nos sens naturels Lors de mes cours, j’exploite beaucoup nos sens naturels, et particulièrement la vue et l’ouïe. Nos sens nous permettent de recueillir des informations sur ce qui nous entoure et sur ce que nous ressentons. Nous vivons dans un bain de perceptions sensorielles, cependant, parmi ces cinq sens que sont la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat, il y a toujours celui qui domine chez chaque individu. Pour la plupart des étudiants, ce sont les deux premiers sens qui sont dominants, ainsi j’utilise souvent des photographies comme supports de cours, afin de transmettre différents concepts véhiculés par le cours.   «Ce que d'autres peuvent apprendre, je peux l'apprendre aussi» Ce principe de la PNL invite chacun à reprendre du pouvoir sur sa vie et à développer ses compétences. Un des aspects marquants de la PNL est l'art de la modélisation, c'est-à-dire, le décodage et la reproduction des processus d'excellence. D'autres définitions foisonnent, selon R. Bandler, un des fondateurs de la PNL. « C'est un principe éducationnel pour apprendre aux gens à se servir de leur cerveau. » Basée sur le principe de la modélisation, les cours que je prodigue visent à reproduire le processus déjà prouvé et testé. Conclusion Je termine cet article par ce passage d’un autre article sur « Apprendre » qui décrit onze principes fondamentaux pour approcher la question de l’apprentissage, et d’où j’en ai tiré celui-ci : « chacun apprend avec une stratégie qui lui est propre mais qui n’est pas, pour autant, figée ; il peut la modifier et l’enrichir en fonction de ses expériences ». Les recherches en psychologie de l’apprentissage et en didactiques peuvent permettre, par l’observation des conditions optimales d’apprentissage, de construire des dispositifs d’apprentissage. Ces dispositifs sont utiles pour pallier l’aléatoire des situations personnelles et sociales d’apprentissage, mais ils ne peuvent jamais se substituer à la liberté du sujet apprenant, il est important de fournir à chacun les points d’appui qui peuvent l’aider et lui offrir l’environnement susceptible de lui faciliter la tâche. Cahier du management par ISCAM en collaboration avec l’Express de Madagascar
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