Une aventure culturelle sur les Hautes terres


L’Office régional de tourisme d’Analamanga propose deux fois par mois des circuits de randonnée sur les Hautes terres. Un rendez-vous culturel, loin des plages de sables blancs, auxquels les voyageurs et les Tananariviens prennent plaisir à participer. Sept heures du matin, les deux bus de l’Office régional de tourisme d’Analamanga, Ortana, arrivent sur l’esplanade d’Analakely. Une quarantaine de personnes est attendue pour le départ vers Ambohi­bemasoandro. Une fois les préparatifs terminés, le groupe de randonneurs commence la traversée de la ville. A peine partis, les guides ont à cœur de nous présenter les lieux. C’est ainsi que nous apprenons que jadis, il y avait une petite forêt à Analakely, d’où son nom. Quarante kilomètres plus loin, nous faisons une première halte à Talata-Volonondry. La ville est spécialisée dans la préparation du Koba, ce pain de farine de riz, d’arachides, de miel ou de sucre. Dans la tradition malgache, il est consommé généralement avant les festivités coutumières, les noces ou la circoncision par exemple. Son goût très sucré, « mamy », est censé porter chance et bonheur à celui qui le déguste. Il faut trois jours entiers de cuisson pour obtenir cette pâte, si particulière pour les papilles des Occidentaux. Il est 9 heures du matin, le marché anime le centre de la ville. Quarante commerçants vendent leurs légumes, leurs fruits mais aussi des saucisses. C’est l’autre spécialité de Talata-Volonondry, certains ajoutent à la viande de la pomme de terre, ce qui adoucit le goût de la viande. Après un quart d’heure de pause, le bus reprend la route et s’engage rapidement sur six kilomètres de piste. Une fois arrivés, nous nous séparons, en deux groupes et entamons la marche sur un sentier de terre rouge. [caption id="attachment_133" align="aligncenter" width="480"]Le koba est entouré de feuilles de bananier et servis encore tiède aux voyageurs. Le koba est entouré de feuilles de bananier et servis encore tiède aux voyageurs.[/caption] Très vite, une pluie fine et rafraîchissante se met à tomber, mais le ciel nuageux n’empêche pas les randonneurs d’apprécier leur virée dans la nature. Au fur et à mesure que nous descendons la colline, nous nous rapprochons des rizières qui s’étendent sur de vastes terrains. L’organisation des rizières dans l’espace se fait différemment en fonction du lieu où l’on vit. À Fianarantsoa, il est plus courant de voir des cultures en étages, façonnées de sorte que l’eau, plus rare dans le Sud, puisse circuler facilement. Comme pour beaucoup de populations dans le monde, le riz constitue l’aliment de base des Malgaches. Il peut être cuisiné à la manière « vary sosoa » ou « vary maina ». La première, consommée au petit déjeuner, se cuisine dans beaucoup d’eau pour en faire une sorte de bouillie. Dans la deuxième, pour les repas du midi et du soir, le riz absorbe entièrement l’eau dans la marmite à l’intérieur de laquelle il laisse une croute brune pour faire du « ranovola », boisson très appréciée pour accompagner ce plat malgache. Des plantations de manioc poussent à côté des rizières. Il faut attendre un an avant que les racines de la plante soient bonnes à consommer. En attendant, les feuilles pilées sont utilisées pour préparer le « Ravintoto » avec de la viande de porc, un mets national. La pluie devient de plus en plus forte en fin de matinée. Les herbes au bord du sentier chatouillent les mollets des marcheurs. Nous ne croisons sur notre chemin que des eucalyptus et des pins. Plus aucune trace de forêt vierge sur ces Hautes terres. Les feux de brousse ont tout décimé. Les campagnes de reboisement organisées par les ONG ou par l’État, ont justement priorisé la plantation d’eucalyptus et de pins. Ces arbres mettent très peu de temps à atteindre la taille adulte, cinq à dix ans en moyenne, et permettent d’agir en urgence contre l’érosion du sol. À midi sonne l’heure de la pause repas. Les jambes se reposent quarante minutes et nous repartons. Nous croisons davantage de villages dans l’après-midi. Les chants religieux s’entendent de loin et attirent notre curiosité. Les enfants regardent passer les marcheurs en se cachant derrière les clôtures en bois de leur maison. Nous continuons notre chemin. On peut regretter, dans cette randonnée, de ne pas avoir plus de contact avec les habitants. Nous traversons un pont qui annonce l’entrée d’un village Tout autour, les habitants ont, autrefois, creusé des fossés pour se défendre en cas d’attaque. Ils peuvent atteindre jusqu’à dix mètres de profondeur, celui-ci en fait trois. Plus le village a des richesses à protéger, plus la taille du fossé est importante. La porte d’entrée du village est ornée de deux arbres appelés « Hazo Tokana » (arbres solitaires). Ils marquent traditionnellement l’entrée des villages. Le bois est aussi utilisé pour la fabrication des roues de charrettes. Là, au pied de l’église, les hommes du village habillés de chapeaux de feutre attendent la fin de la messe. Nous les saluons avant de sortir du centre du village. La dernière côte nous attend, notre souffle est de plus en pluscourt . Heureusement, le bus est déjà là. Il est 15 heures, nous repartons vers la grande ville, réjouis de notre escapade. MAISONS EN ÉVOLUTION [caption id="attachment_131" align="aligncenter" width="480"]Une maison traditionnelle malgache. Une maison traditionnelle malgache.[/caption] Avant l’arrivée des Vazaha, la maison traditionnelle était construite en bois et en matériaux vivants. Une seule pièce réunissait ses habitants, répartis dans l’espace en fonction des huit points cardinaux. Les personnes âgées, les plus respectées dans la coutume malgache, dormaient systématiquement au nord de la maison. Le sud était le lieu des enfants, au Sud-Est se trouvaient les animaux domestiques et au sud-ouest étaient accueillis les visiteurs étrangers. Les ouvertures sur l’extérieur, fenêtres et portes, étaient toujours placées à l’ouest puisque le vent froid arrive généralement de lEst. Puis les missionnaires sont arrivés, les influences venues de l’extérieur ont changé les lieux d’habitation des Malgaches. Le bois est devenu briques et pierres et les maisons ont grandi d’un étage. Les balcons ont fleuri sur les habitations avec l’arrivée des Portugais. Le nombre des piliers qui le soutiennent, varie de un à trois, signe de richesse du ménage. Maeva Comercy (Stagiaire)
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