Rapatriement du Koweït - Quarante six femmes rentrent traumatisées


Quarante six femmes de l’« Expatriate Manpower Lodging Center » ont été rapatriées. Des témoignages montrent la maltraitance qu’elles ont subie. Nous sommes contentes de retourner au pays. La première vague des femmes travailleuses malgaches au Koweït a débarqué à l’aéroport d’Ivato, samedi vers 14h. L’épuise­ment, le soulagement et la joie ont été décrits sur leurs visages. Le rêve de pouvoir assouvir tous les besoins familiaux est devenu un cauchemar. D’autres ont voulu résister à la maltraitance, mais ont fui leurs employeurs à la fin. « Nous avons souffert. Or les agences nous ont promis des bons patrons, des salaires motivants et des conditions de travail normales. Ce n’était pas le cas, c’étaient juste des mensonges. Plusieurs d’entre nous ne mangeaient pas correctement. Certaines n’ont pas eu leur salaire. Je n’ai pas reçu de salaire depuis cinq mois. J’ai appelé l’agence qui nous a accueillies la première fois mais personne ne répond. J’ai dû m’enfuir », raconte Luciana Suzain, une originaire d’Andapa qui a même souligné que les femmes Malgaches étaient traitées comme des chiennes. « Aucun repos n’était permis. Je commençais à travailler à six heures du matin et ne finissais que le lendemain, vers deux heures du matin. Mon travail consistait à nettoyer douze toilettes et vingt cinq chambres », affirme-t-elle. Beaucoup ne veulent plus y retourner, mais travailler à l’étranger reste toujours une option pour survivre selon ces femmes. « J’ai travaillé huit ans au Koweït. Je suis mère célibataire de trois enfants. Je dois les nourrir. Je ne veux plus travailler au Koweït mais je vais tenter pour Maurice ou Seychelles », insiste Tahina de Fianarantsoa. Traumatisées Une délégation composée du ministère de l’Inté­rieur, du ministère de la Population, de la protection sociale et de la promotion de la femme et du ministère de la Santé ainsi que du ministère des Affaires étrangères les ont accueillies avec joie à Ivato. Puis elles ont été spécialement invitées par le président de la République, Andry Rajoelina au Palais d’Ambohitsorohitra, vers 15h. À leur arrivée, ces femmes ont reçu des consultations médicales. Selon les médecins, leur état de santé est au mieux sauf qu’elles sont traumatisées. « En général, elles sont en bonne santé. Suite aux entretiens avec les cliniciens, on ressent qu’elles sont traumatisées par leurs vécus et leurs fortes conditions de travail. L’une d’entre elles présente un certain problème psychique. Mais elle a déjà eu un antécédent avant son départ pour Koweit. Elle n’a pas pu suivre un traitement et cela n’a fait qu’aggraver son état de santé », explique Dr Armand Rafalimanantsoa Solofoniana, directeur veille sanitaire, surveillance épidémiologique et riposte. Il poursuit que même les cultures différentes peuvent engendrer une fragilité de la personnalité pour ces femmes qui n’ont pas reçu de formation et qui ne peuvent pas s’adapter à des conditions de travail dans des pays comme Koweït. Ces femmes seront surveillées de près depuis Antananarivo jusqu’à leur région d’origine. Soixante seize femmes attendent leur tour au Koweït. Une deuxième vague arrive donc mardi.
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