Blockchain - Le secteur agricole s’y met


La traçabilité est un enjeu de premier plan pour le secteur de l’agriculture, notamment pour les acteurs de la filière qui s’orientent vers l’exportation. D’où l’engouement croissant du secteur pour la blockchain. Cette technologie de nouvelle génération est mise à profit pour améliorer la productivité, l'efficacité et la transparence dans le secteur productif. Appliquée à l’agriculture, elle sert, entre autres, de traceur numérique depuis la plantation jusqu’à la consommation. À l’instar d’autres pays de la région, Madagascar commence aussi à adopter la blockchain. Selon Gaëtan Etancelin du Syndicat Malgache de l’Agriculture Biologique (Symabio), les grands noms de la grande distribution à l’étranger, comme Carrefour, commenceront à imposer la blockchain sur leurs produits à partir de cette année. Il est donc urgent pour Madagascar de se mettre en conformité. L’adoption de la loi de 2020 sur le bio a également poussé la filière à investir dans les outils innovants. C’est le concept même de développement durable qui accélère le déploiement de la blockchain. A savoir qu’un certain nombre de paramètres précis sont à respecter pour évoluer dans ’agriculture bio, dont une certification valable à l’international. En tant que technologie de confiance, la blockchain peut ainsi servir d’outil de traçabilité tout au long de la chaîne de valeur alimentaire. Elle pourrait également réduire les coûts de transport. Le trader suisse Louis Dreyfus, présent à Madagascar, a été parmi les premiers à effectuer la première transaction de matières premières agricoles via cette technologie. Lors de l’ « Agriculture blockchain web summit », en juin 2021, le Symabio a pris part au séminaire sur les solutions innovantes qui pourraient être dupliquées dans les pays, même les moins avancés. En tant que hot spot de produits d’excellence, la Grande-Île a été spécialement conviée à participer à la rencontre. Selon les spécialistes, la blockchain agricole peut générer des milliards de dollars. Juniper Research soutient par exemple que la technologie permettrait d’économiser dans les 31 milliards USD par an en matière de fraudes alimentaires, d’ici 2024. Et cela parce que toutes les falsifications seraient largement réduites. Les petits producteurs aussi Il est en outre démontré par les différentes études et expérimentations que les petits producteurs, qui constituent plus de 95% de la population agricole du pays, sont aussi plus avantagés grâce à la blockchain. Ils pourraient promouvoir des produits aux qualités prouvées et à prix justes, tout en se facilitant l’accès aux marchés. À l’instar du système du bitcoin, les transactions pourraient se faire directement de producteur à acheteur. Selon Gaëtan Etancelin, cette opportunité permettrait aussi de « persuader les petits producteurs à se formaliser », avant de soutenir que dans quelques années, « ce sera partout une exigence ». A savoir qu’en A frique, la technologie connait une vulgarisation rapide. Le leader dans cette tendance est le Kenya. L’Ouganda accélère aussi la cadence. Les producteurs de café sont ainsi de plus en plus nombreux à mettre un code QR à scanner sur leurs packs pour faire découvrir aux consommateurs toute l’histoire et toute l’authenticité des grains. Grâce au processus, les revenus des producteurs s’élèveraient de 10%. Pour sa part, Madagascar a commencé à expérimenter la technologie depuis cinq ans, dans la filière vanille. Le pays étant leader mondial dans cette filière, beaucoup d’ambitions reposent sur les précieuses gousses. Sahanala et Biovanilla sont présentés comme les pionniers de la blockchain à Madagascar. Mais comment implémenter la blockchain dans les milliers de localités rurales reculées du pays où le niveau d’éducation est très faible et les nouvelles technologies absentes ? D’après un ingénieur agronome travaillant pour une ONG internationale et basé dans l’Analanjirofo, c’est avant tout une question de volonté politique. Il propose notamment de s’adosser aux structures de proximité comme les Dokany Mora hoan'Mpamokatra. Par ailleurs, le développement de la blockchain dans le pays devrait être boosté par le laboratoire de micropolluants certifié ISO 17025 installé récemment à l’Institut Pasteur de Madagascar. L’équipement sert à détecter des résidus phytosanitaires sur des produits agricoles ou non agricoles. Ce qui permettra d’améliorer le système de contrôle interne, en effectuant des analyses tout le long de la chaîne de valeur. Les Limites Maximum de Résidus (LMR) autorisées à l’entrée des pays importateurs nécessitent en effet une surveillance accrue.
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