Crise - L’opposition et l’État engagent une guerre d’usure


Une seconde tentative de l’opposition d’utiliser la place d’Ambohijatovo s’est heurtée à l’interdiction de la préfecture d’Antananarivo. Une décision accompagnée d’un nouveau verrouillage du centre-ville. Qui cèdera le premier ? La question s’impose au regard de l’évolution de la conjoncture politique. À l’allure où vont les choses, le pouvoir et l’opposition semblent s’engager dans une guerre d’usure. Pour la deuxième fois en une semaine, le centre ville d’Antananarivo a été barricadé par les Forces de défense et de sécurité (FDS). Pour la deuxième fois en une semaine, le général Angelo Ravelonarivo, préfet de police d’Antananarivo, a en effet, pris un arrêté interdisant la circulation dans cette partie de la ville. Une mesure en accompagnement de sa décision d’interdire une nouvelle intention de l’opposition d’investir la place d’Ambohijatovo, pour une manifestation. Le 20 février, c’étaient les députés du parti « Tiako i Madagasikara » (TIM), élus à Antananarivo, qui voulaient user de la place d’Am­bohijatovo, puis de celle du 13 mai, pour faire « un rapport d’activité public », des activités parlementaires. Samedi dernier, c’est au nom de la plateforme d’opposition RMDM qu’une demande d’autorisation a été déposée à la préfecture de police, jeudi. Nouveau rapport parlementaire Le général Ravelonarivo explique sa décision de refus d’autorisation par un vice de procédure. Il y a aussi, le fait que la commune urbaine d’Antananarivo (CUA), effectue des travaux à la place d’Ambohijatovo et a déjà indiqué que la place ne plus accueillir d’événement, jusqu’à nouvel ordre. Le préfet de police a, toutefois, déjà indiqué que toute manifestation politique dans le centre-ville est interdite, particulièrement, pour l’opposition. « Les discours séditieux, injurieux », qui seraient proférés par l’opposition sont les arguments systématiquement mis en avant le préfet d’Antananarivo, pour motiver sa posture. L’interdiction de manifester que le général Ravelonarivo pourrait opposer aux intentions de manifestation publique par l’opposition, surtout dans le centre-ville, reposerait donc sur une présomption de tentative de coup d’État. Seulement, s’agissant des intentions des députés de faire un rapport des activités parlementaires, le préfet reconnait que les dispositions légales empêchent une interdiction pure et simple. Le 20 mars, la place de Soamandrakizay a donc, été proposée comme alternative. Un lieu privé qui a été « réquisitionné », pour l’occasion a expliqué l’Organe mixte de conception (OMC), d’Antananarivo. L’opposition tente, visiblement, de prendre les autorités de la capitale à leur propre jeu. Les députés du parti TIM sont revenus à la charge, vendredi. Ils ont annoncé avoir notifié le préfet d’Anta­nanarivo, sur leur intention d’organiser un rapport public des activités parlementaires à Soamandrakizay. La date indiquée est le 6 mars. A s’en tenir aux propos du préfet durant une conférence de presse, le 22 février, à Ankadilalanana, il est probable que les autorités ne ne donnent pas carte blanche aux députés d’opposition. « Je le dis d’emblée. Les manifestations d’opposition, à partir de maintenant, si ça concerne le « Miaramanonja », il y aura des mesures qui seront impérativement prises », a déclaré le général Ravelo­narivo, toujours sur la base des présumés intentions séditieuses du mouvement d’opposition. Etant donné que les autorités reconnaissent que l’exercice du rapport parlementaire est une prérogative légale, il est probable qu’il y aura, au moins, un encadrement drastique. Comme Soamandrakizay est un endroit privé, reste à voir si une nouvelle décision de réquisition sera prise, ou si le propriétaire concèdera à en laisser l’usage à l’opposition. Cette dernière affirme qu’elle ne compte pas arrêter les contestations « des excès et dérives du pouvoir ». Dans les prochains jours et les prochaines semaines, les simples citoyens pourraient voir un enchaînement de provocation et de réaction, suivi d’une valse entre manifestants et forces de l’ordre. Prises entre deux feux, les activités commerciales dans le centre-ville ont été paralysées, deux samedi de suite. Qu’ils soient dans le circuit formel ou informel, ceux qui ont leur activité à Analakely commencent à avoir une dent contre l’opposition qu’ils pointent du doigt comme étant derrière les agitations politiques de ces derniers jours. Pour l’heure, une certaine cordialité est de mise entre eux et les forces de défense et de sécurité. Seulement, la conjoncture pourrait mettre la patience et la courtoisie de certains à rude épreuve. Samedi, en tout cas, le quadrillage du centre-ville a été moins drastique qu’il y a une semaine. Le blocus a été levé en début d’après-midi.
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