Volatiana Rahaga - «La littérature est un espace de liberté et de partage majeur»


Une véritable passionnée, se plaisant continuellement à retranscrire ses émotions via ses mots, ainsi que ses poèmes, Volatiana Rahaga nous raconte son parcours et évoque son amour pour la littérature. Parlez-nous de vos débuts, comment vous est venue l’idée de devenir écrivaine ? « Je ne pense pas être une écrivaine très sincèrement, j’ai tellement de l’estime et du respect pour eux que je n’oserai pas affirmer être une poétesse ou une écrivaine. Je crois au pouvoir des mots, les mots qui détruisent comme les mots qui soignent et j’ai tissé une amitié affectueuse avec ces derniers. Petite, mon grand-père maternel me montrait les poèmes qu’il écrivait en malgache et du côté de mon père on a toujours cette fibre artistique. Ma grand-mère paternelle était pianiste et chanteuse. La musique étant très proche des mots, j’ai été aussi bien bercée par la musique que les mots. J’ai beaucoup lu Rodlish également et j'ai eu beaucoup de chance d'avoir été dans un bon lycée jésuite avec d'excellents professeurs de malgache. Nous avions pour nous une grande bibliothèque, j'y passais mes heures perdues à lire des romans malgaches. En 2013, j’ai décidée de franchir le pas et d’écrire « Vorombola sy Voninkasina », un conte pour enfants que j’ai réalisés après ma rencontre avec les orphelins de l’Étoile du matin d’Ambohitrimanjaka.» D’où vous est venue cette passion pour la littérature en général ? « La littérature est un espace de liberté et de partage majeur. Comme je suis une amoureuse de la liberté je pense que la littérature, comme les livres m'ont permis non seulement de voyager, de réfléchir, mais aussi de m'exprimer dans cet espace sans avoir à être jugée. Ça n’a pas de prix pour moi. » Comment trouvez-vous la littérature malgache actuellement ? Mais aussi sa portée sur la scène internationale au-delà des auteurs mythiques comme JJ Rabearivelo par exemple ? « Il y a encore tellement à explorer dans la littérature malgache. Notre langue est musicale, c'est ma cousine orthophoniste qui ne parle pas malgache qui me l'a dite. Rien que cela, c'est déjà un ingrédient majeur. Nous avons plusieurs dialectes, mais on arrive à se comprendre avec une langue officielle, ce qui est, selon moi, une bénédiction. Je ne crois pas du tout que la littérature malgache se limite à la diaspora. Ce qui manque, à mon humble avis, c'est l'encouragement à aimer notre langue et soutenir nos auteurs, nos créateurs, nos artisans des mots. La littérature est partout dans notre quotidien, aussi bien dans la musique, qu’à travers notre art oratoire traditionnel. » Outre « Vorombola sy Voninkasina » et « Eritrelatra », la poésie et les contes traditionnels, qu’est-ce qui vous inspire le plus quand vous écrivez ? « Au début, j'écrivais un peu sans contraintes et bien sûr le résultat était à la hauteur de mon tâtonnement. Mais j'ai mûri sûrement, je me donne plus la peine de respecter les règles et les structures et ensuite je choisis ma muse tout en gardant la liberté dans la rhétorique. La muse peut être une histoire ou une personne, comme cela peut être les évènements qui me touchent, qui se livrent à moi et se délivrent en mots. Mon objectif, s'il doit y en avoir un, serait de convaincre les bien-pensants chez nous qui ont les moyens de vulgariser l'amour du livre, de la littérature et de soutenir les talents.» Quels sont généralement vos attentes par rapport à vos lecteurs ? « Alors au début j'écrivais pour moi, pour me soigner comme j'ai dit plus haut. Puis on m'a demandé de publier, et là, j'ai réalisé le pouvoir des mots. Il y a des personnes qui m'écrivent pour me dire que ce que j'ai écrit leur parle et leur donne envie d'écrire aussi, quelle que soit la langue, mais surtout en malgache. Cela a apporté alors plus de sens à mes écrits. » Ce contexte de pandémie e t de confinement impacte-t-il sur votre vie d’auteure ? « Cela a plutôt réveillé l'amoureuse de l'écriture en moi, mais aussi le besoin de créer. Comme vous savez, je tenais à cœur la réalisation du concert en ligne d’Erick Manana et Jenny Fuhr, qu’est « Tafa sy Vazo ». Nos constantes sont le partage, la poésie et la musique, mais aussi la créativité et l'amour de la Grande île. Je n'ai jamais autant écrit et créé que durant la pandémie. » Quels sont vos projets littéraires à venir ? « J’ai actuellement deux projets de publication en route, mais pas du tout de poésie ou de conte cette fois, plutôt sous un format différent à travers lequel je suis ravie de me redécouvrir aux lecteurs. Je vous en ferai part pour sûr le moment venu. »
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